Le figuier peut-il guérir? La pauvreté peut-elle guérir? Etrange interrogation, mais il le fait regardez sur la toile. Quant à la pauvreté, elle peut avoir des vertus, mais le Seigneur nous demande d'être attentifs aux pauvres aujourd'hui.
17 novembre 2024 33ème dimanche du Temps Ordinaire Année B
Lectures de la messe
Première lecture« En ce temps-ci, ton peuple sera délivré »Dn 12, 1-3
Psaume Garde-moi, mon Dieu,
j’ai fait de toi mon refuge.Ps 15 (16), 5.8, 9-1...
Deuxième lecture« Par son unique offrande, il a mené pour toujours à leur perfection c...He 10, 11-14.18
Évangile« Il rassemblera les élus des quatre coins du monde »Mc 13, 24-32
Mes sœurs, chers frères et sœurs,
Nous venons d’entendre un ensemble de lectures qui annoncent
la fin de l’année liturgique et la fin du monde. Ce peut-être une occasion de
nous intéresser à la cosmologie biblique et à ce qu’on en dit et pourrait en
dire aujourd’hui, avec l’expansion depuis son émergence, d’un univers qui se dirigerait vers sa mort thermique d’ici
101100 années… Ce n’est pas
notre propos. Nous verrons cela depuis le cœur de Dieu. Le livre de Daniel nous
décrit une apocalypse, avec Michel, l’archange dont le nom signifie qui est
comme Dieu. Il vient pour délivrer le Peuple et lui rendre liberté et joie, dans
une perspective d’un jugement dernier centré sur la fidélité et l’amour. Les
récits bibliques des représentations de l’origine du monde dans ce qu’on
appelle des cosmogonies, ont oscillées pour se rapprocher de conceptions de la Grèce
antique. L’image de la fin des temps que donne le Seigneur correspondrait
plutôt à un écroulement physique d’un dôme et de ses luminaires dont la terre serait
le centre. « On verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande
puissance et avec gloire. Il enverra les anges pour rassembler les élus des
quatre coins du monde, depuis l’extrémité de la terre jusqu’à l’extrémité du
ciel. » Le monde d’en bas n’est pas mentionné, celui qui est sous la terre.
Il y a de quoi inciter à prendre ses distances avec des interprétations
littérales et à se concentrer avant tout sur les paroles du Seigneur qui ne
passeront pas .
L’épître aux Hébreux nous dresse une image du Seigneur comme
le Grand-Prêtre sans péché, qui n’offre qu’un seul sacrifice, une fois pour
toutes, debout sur la croix et qui ensuite s’assied à la droite du Père. « Par
droite du Père dit le catéchisme, nous entendons la gloire et l’honneur de la
divinité, où celui qui existait comme Fils de Dieu avant tous les siècles comme
Dieu et consubstantiel au Père, s’est assis corporellement après qu’il s’est
incarné et que sa chair a été glorifiée " (S. Jean Damascène, f. o. 4, 2 :
PG 94, 1104C). 664 La session à la
droite du Père signifie l’inauguration du règne du Messie, accomplissement de
la vision du prophète Daniel concernant le Fils de l’homme. » Il avait dit
devant le Sanhédrin : « En tout cas, je vous le déclare : désormais
vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant et venir sur
les nuées du ciel. » Mt 26, 64. Les paroles de Jésus dans l’Evangile sont bien
mystérieuses. Il paraît rapprocher deux moments : Son heure avec celle de son retour en gloire « Alors
on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec
gloire. » S’agit-il d’une invitation à se tenir toujours prêt au retour du
Seigneur ? Nous pouvons le penser et y voir en même temps une invitation à
se montrer attentif aux interpellations qu’il nous donne dans le temps présent,
parce que le fameux jugement sur l’amour, c’est maintenant qu’il a lieu. Où
voir les bourgeons de ce figuier ? Pourquoi pas dans le pauvre… Qui est-il ?
de quoi a-t-il besoin ?
Jésus s’est fait pauvre et le jugement s’est réalisé dans la
manière dont on a traité ce pauvre qu’il était. N’est-ce pas une particularité
chrétienne particulière que cette révélation d’un Dieu discret, d’un Dieu qui
se cache et se révèle dans l’autre dans notre prochain. Révélation de Dieu, il
y a bien en la personne de Jésus. Elle est totale, mais d’une impressionnante
discrétion. Il est tellement discret, que nous sommes contraints à chaque
instant de retrouver la Présence divine, de retrouver le visage de Dieu, de
reprendre contact avec le Seigneur, de le deviner. Il est pourtant
totalement-là. Curieux contrastes… Un messie glorieux et un pauvre. Y aurait-il
une porte dans la pauvreté, une face cachée ? Ne serait-elle pas la porte
de l’Amour, la porte du ciel ?
Le pape François ayant voulu que ce dimanche soit consacré
aux pauvres, vous me permettrez de rappeler en ce dimanche de la revira de la
Saint-Martin, l’épisode de Saint Martin partageant son manteau. Il est relaté
par un proche, son secrétaire et ami, Sulpice Sévère, ami aussi de Paulin de
Noles. Ce dernier était un richissime ressortissant d’Aquitaine qui avait
distribué son immense fortune aux pauvres. On pouvait être fou à cette époque aussi :
« Un jour, au milieu d’un hiver dont les rigueurs extraordinaires avaient
fait périr beaucoup de personnes, Martin, n’ayant que ses armes et son manteau
de soldat, rencontra à la porte d’Amiens un pauvre presque nu. L’homme de Dieu,
voyant ce malheureux implorer vainement la charité des passants qui
s’éloignaient sans pitié, comprit que c’était à lui que Dieu l’avait réservé. Il
tire son épée, le coupe en deux, en donne la moitié au pauvre et se revêt du
reste. Quelques spectateurs se mirent à rire en voyant ce vêtement informe et
mutilé… Martin s’étant endormi vit Jésus-Christ revêtu de la moitié du manteau
dont il avait couvert la nudité du pauvre ; et il entendit une voix qui lui
ordonnait de considérer attentivement le Seigneur et de reconnaître le vêtement
qu’il lui avait donné. Puis Jésus se tournant vers les anges qui l’entouraient
leur dit d’une voix haute : « Martin n’étant encore que catéchumène m’a revêtu
de ce manteau. » Derrière et en tous ces visages et il y a Quelqu’un, il y a un autre, le tout autre
qui a fait une alliance avec lui. Il y a une présence qui est la présence de
Dieu, il y a un visage qui est le visage de l’éternel Amour, et c’est cela
qu’il s’agit de retrouver. Et figurez-vous qu’Il est en chacun de nous. On a si
vite fait de l’oublier à la moindre contradiction.
Je me permets ce matin encore une citation du pape François qui
nous rappelle qu’il n’y a pas que la pauvreté n’est pas présente dans la seule absence
de bien : « la pire discrimination dont souffrent les pauvres est le manque
d’attention spirituelle. L’immense majorité des pauvres a une ouverture
particulière à la foi ; ils ont besoin de Dieu et nous ne pouvons pas négliger
de leur offrir son amitié, sa bénédiction, sa Parole, la célébration des
Sacrements et la proposition d’un chemin de croissance et de maturation dans la
foi. L’option préférentielle pour les pauvres doit se traduire principalement
par une attention religieuse privilégiée et prioritaire ».
Marie est profondément marquée par l'esprit des «pauvres de
Yahvé» qui, selon la prière des psaumes, attendaient de Dieu leur salut et
mettaient en lui toute leur confiance. Elle proclame l'avènement du mystère du
salut, la venue du «Messie des pauvres». Elle est la Mère de tous les pauvres
et en particulier de chacun d’entre nous. Marie Servante du Seigneur, prie pour
nous, pécheurs. Amen.