Rechercher dans ce blog

mercredi 9 septembre 2015

Heureux et malheureux

« Heureux, vous les pauvres. Mais quel malheur pour vous, les riches » (Lc 6, 20-26)

L'Evangile de ce matin met dans la bouche de Jésus deux mots grecs makarioi et ouai, pour qualifier deux situations contraires à l'inverse du sens commun. A l'époque du règne des paiements automatiques en un clin d'oeil, des crédits universels, des cartes obligatoires et de l'argent roi diverses pensées peuvent nous traverser. Ah! si j'étais riche...
La nouvelle traduction liturgique cause quelques étonnements en ce sens qu'elle paraît atténuer un peu ce à quoi nous étions habitués. Quel malheur pour vous les riches... et non malheur à vous les riches. Le petit dictionnaire biblique grec-français de Carrez traduit "malheur à", une traduction interlinéaire : Hélas! Veut-on faire comprendre qu'ils ont encore une chance de se convertir? Sinon... Ouaïe. Pardon pour le mauvais jeu de mot. Il s'agit d'une autre racine oie et d'anglais. Le rapprochement pourrait être tout de même parlant.

L'encyclique sur la maison commune, Loué sois-tu est une encyclique sociale, et se doit donc d'être entendue ce matin sur ce sujet :

VI. LA DESTINATION COMMUNE DES BIENS

93. Aujourd’hui croyants et non croyants, nous sommes d’accord sur le fait que la terre est essentiellement un héritage commun, dont les fruits doivent bénéficier à tous. Pour les croyants cela devient une question de fidélité au Créateur, puisque Dieu a créé le monde pour tous. Par conséquent, toute approche écologique doit incorporer une perspective sociale qui prenne en compte les droits fondamentaux des plus défavorisés. Le principe de subordination de la propriété privée à la destination universelle des biens et, par conséquent, le droit universel à leur usage, est une “règle d’or” du comportement social, et « le premier principe de tout l’ordre éthico-social ».[71] La tradition chrétienne n’a jamais reconnu comme absolu ou intouchable le droit à la propriété privée, et elle a souligné la fonction sociale de toute forme de propriété privée. Saint Jean-Paul II a rappelé avec beaucoup de force cette doctrine en affirmant que « Dieu a donné la terre à tout le genre humain pour qu’elle fasse vivre tous ses membres, sans exclure ni privilégier personne ».[72] Ce sont des paroles denses et fortes. Il a souligné qu’« un type de développement qui ne respecterait pas et n’encouragerait pas les droits humains, personnels et sociaux, économiques et politiques, y compris les droits des nations et des peuples, ne serait pas non plus digne de l’homme ».[73] Avec une grande clarté, il a expliqué que « l’Église défend, certes, le droit à la propriété privée, mais elle enseigne avec non moins de clarté que sur toute propriété pèse toujours une hypothèque sociale, pour que les biens servent à la destination générale que Dieu leur a donnée ».[74] Par conséquent, il a rappelé qu’« il n’est [...] pas permis, parce que cela n’est pas conforme au dessein de Dieu, de gérer ce don d’une manière telle que tous ces bienfaits profitent seulement à quelques uns ».[75] Cela remet sérieusement en cause les habitudes injustes d’une partie de l’humanité.[76]

94. Le riche et le pauvre ont une égale dignité parce que « le Seigneur les a faits tous les deux » (Pr 22, 2), « petits et grands, c’est lui qui les a faits » (Sg 6, 7), et « il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons » (Mt 5, 45). Cela a des conséquences pratiques, comme celles qu’ont énoncées les Évêques du Paraguay : « Tout paysan a le droit naturel de posséder un lot de terre raisonnable, où il puisse établir sa demeure, travailler pour la subsistance de sa famille et avoir la sécurité de l’existence. Ce droit doit être garanti pour que son exercice ne soit pas illusoire mais réel. Cela signifie que, en plus du titre de propriété, le paysan doit compter sur les moyens d’éducation technique, sur des crédits, des assurances et la commercialisation ».[77]

95. L’environnement est un bien collectif, patrimoine de toute l’humanité, sous la responsabilité de tous. Celui qui s’approprie quelque chose, c’est seulement pour l’administrer pour le bien de tous. Si nous ne le faisons pas, nous chargeons notre conscience du poids de nier l’existence des autres. Pour cette raison, les Évêques de Nouvelle Zélande se sont demandés ce que le commandement « tu ne tueras pas » signifie quand « vingt pour cent de la population mondiale consomment les ressources de telle manière qu’ils volent aux nations pauvres, et aux futures générations, ce dont elles ont besoin pour survivre ».[78]

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire