13 août 2017 - 19ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A
Lectures de la messe
Première lecture « Tiens-toi sur la montagne devant le Seigneur » 1 R 19, 9a.11-13a
Deuxième lecture « Pour les Juifs, mes frères, je souhaiterais être anathème » Rm 9, 1-5
Évangile « Ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux »
Frères et Sœurs,
Je ne sais pas si vous avez déjà eu l’occasion de vous trouver sur un bateau lorsqu’une tempête se déclenche… Lors d’un pèlerinage en Terre Sainte, il y a bien longtemps, je me souviens d’un jour où l’une d’elle s’était déclenchée alors que nous faisions la traversée, de quoi nous remettre en mémoire ce passage de l’Evangile et quelques autres.
Au bord du bleu Léman, devenant vert et gris sombre par gros vent, c’était tout un spectacle de voir la course des moutons sur le lac et parfois les voiliers du « bol d’or » les chevauchant, et luttant contre les éléments. Au Collège des Missions au bord du lac, c’était l’observatoire idéal.
Nous avons trois peurs dans l’Evangile, il faut donc un dernier souvenir illustratif. En parcourant quelques ouvrages de et sur le grand Winston Churchill, il y est mentionné qu’il avait vraiment eu peur de la mort, justement dans le Léman. Ayant fait trempette, la barque poussée par le vent s’était éloignée… Rejoindre le rivage ou la rattraper paraissait impossible. Angoisses que l’on devine aisément… Mais ce courageux futur soldat et chef d’Etat, téméraire même pendant la 2ème guerre mondiale, s’en était bien tiré… Heureusement pour tout le monde. Churchill, qui était agnostique ou athée, même un peu croyant dans ses bons mots, on ne sait pas trop, avait répondu bien plus tard à une question. Comment envisageait-il sa rencontre avec Dieu : “Je suis prêt à rencontrer mon Créateur. Savoir si Lui-même est préparé à cette épreuve est une autre histoire" Il l’est rassurons-nous tous… pauvres pécheurs que nous sommes.
Cette entrée en matière traduit quelques sentiments humains qui nous traversent tous. Les Apôtres ont eu vraiment peur sur le lac. Mais pourquoi le Seigneur les a-t-il laissés ainsi dans des conditions assez terribles. Pourquoi même les a-t-il envoyés, sachant ce qui allait arriver. Était-il resté tranquillement à prier dans la Montagne ? Saint Nicolas de Flüe explique qu’il y allait comme on va au combat ou à une danse. C’est un peu l’impression que donne le récit de la rencontre de Dieu dans la montagne par le prophète Elie. Dieu n’était pas dans la tempête et l’ouragan, mais dans une brise légère qu’il faut presque deviner. Pourtant, son approche s’est annoncée de manière très forte. La prière de Jésus elle-même pouvait être aussi un combat. Nous pensons au jardin des oliviers… « Que ta volonté soit faite et non la mienne ! » Accomplir cette volonté n’est pas chose facile… Pour nous hommes de peu de foi, c’est encore plus insurmontable, où est notre confiance ?
La peur est donc présente par trois fois, pour Pierre et pour les Apôtres, non dans la prière, mais bien dans l’action, d’abord en raison de la raison du phénomène naturel, de la tempête. Ensuite ils ont encore plus peur de l’événement surnaturel qu’est Jésus venant à leur rencontre sur les eaux, malgré les mots de Jésus : « Confiance, c’est moi, n’ayez plus peur. » Enfin Pierre allant sombrer, s’émeut et provoque un nouvel accès de peur, à tous les autres.
Comme eux, nous sommes pris par des peurs devant les événements. La crainte nous envahit, lorsque le secours surnaturel vient au-devant de nous par la Parole ou dans les sacrements. Nous ne croyons pas avec suffisamment de force que Jésus vient à notre secours… et enfin, si nous finissons par tenter notre chance comme Pierre, le doute nous reprend. N’est-ce pas notre lot commun, hommes et femmes de peu de foi que nous sommes.
En entendant parler saint Paul de son amour pour son peuple et sa famille selon la chair, il n’est pas difficile de voir dans nos familles humaines un des principaux terrains où ce type de peurs se manifeste. Seul l’Esprit qui fait croître et grandir le véritable amour en nous, et la confiance peut nous aider. Comment dire sans lui, à Jésus en tout temps et dans l’adversité : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! » ? Ces paroles de Pierre rejoignent celles du centurion au pied de la croix alors que le Seigneur descendait briser les portes de la mort : « Vraiment, celui-ci était Fils de Dieu ! » Mt 27, 54. Il parle au passé… En voyant Jésus après la résurrection, les apôtres vont croire à nouveau voir un fantôme comme sur le lac. Puis ils ont touché et ils ont cru. S’appuyant sur leur témoignage et le don de la foi, les martyrs l’ont fait, que ce soit Pontien ou Hippolyte, ou ceux de la 2ème guerre mondiale dont nous faisons mémoire en ces jours d’été, et ceux d’aujourd’hui.
Demandons à Notre-Dame qui va bientôt monter au ciel lors de l’Assomption de nous obtenir la grâce que grandisse en nous cette foi. Elle qui a survécu à toutes les tempêtes ne peut que nous aider à croire en celui qui est Ressuscité. Amen.
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