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dimanche 21 novembre 2021

Le Christ Roi de l'Univers

 


 

21 novembre 2021 - Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l'Univers — Année B

Lectures de la messe

Première lecture « Sa domination est une domination éternelle » Dn 7, 13-14

Psaume Le Seigneur est roi ;

il s’est vêtu de magnificence. Ps 92 (93), 1abc, 1d...

Deuxième lecture « Le prince des rois de la terre a fait de nous un royaume et des prêt... Ap 1, 5-8

Évangile « C’est toi-même qui dis que je suis roi » Jn 18, 33b-37

 

Chers Frères et Sœurs,

Nous voici donc parvenus au dernier dimanche de cette Année B les textes insistent sur la différence entre les royautés de ce monde et celle que Jésus revendique devant Pilate : « Ma royauté ne vient pas de ce monde (…) non ma royauté ne vient pas d’ici ». Cette royauté est présentée comme l’accomplissement eschatologique de la prophétie de Daniel : « Moi Daniel (…) je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme (…) Et il lui fut donné domination, gloire et royauté (…). Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite » (Dn 7, 13-14).

Nous ne pouvons pas esquiver le contraste entre les images que nous avons de la royauté et du pouvoir avec ce tableau dramatique de Jésus devant Pilate, flagellé, humilié couronné d’épines. Il se dit pourtant roi, nous faisant comprendre tragiquement que sa royauté n’est vraiment pas de ce monde. Pourtant au dernier jour, rien ne pourra s’opposer à son retour.

Jésus a préféré au cours de son ministère se présenter comme « Fils d’Homme », plutôt que comme Messie. Il est l’Alpha et l’Oméga, le commencement et la fin que symbolisent, la première et la dernière lettre de l’alphabet grec. Il est d’usage aussi dans ce contexte de rappeler la figure de Teilhard de Chardin. Si l’on aime les grandes images, nous pouvons nous référer aux représentations connues comme le jugement dernier de Michel-Ange dans la Sixtine avec ses personnages très athlétiques et charnus. Ils donnent une impression de puissance absolue, effrayante même. Je vous avoue la détester cordialement. A bien y regarder, c’est une forme de dérision de ce qu’est l’Église et des représentations qu’ont d’eux-mêmes les dignitaires de l’Église à l’époque. On peut préférer les fresques du Titien à Venise.

Ces représentations vont à l’encontre du Dieu humble et fragile de Maurice Zundel. Peut-être d’une certaine manière d’une maladie de nos yeux, une maladie de nos yeux spirituels est-elle mise en cause, qui les rend incapables de le voir sous cet aspect. La cause de cette cécité ne réside-t-elle pas dans une incapacité d’aimer ? Il ne reste alors qu’une image de puissance dévastatrice, provoquée par un vide et une absence au lieu d’une dilatation du cœur. C’est quelque chose de mystérieux, une sorte de destruction qui ne peut se réaliser totalement. Le mal ne vient pas de Dieu, ni l’extrême violence, mais bien de l’absence de Dieu. Le chemin qui conduit à cette connaissance et à cet amour sont bien difficiles.

L’image de Jésus devant Pilate, cette image d’un roi tout autre, roi d’un royaume qui n’est pas de ce monde a été reprise par Dostoïevski dont nous fêtons le 200ème anniversaire de la naissance cette année. Elle se trouve dans le dialogue avec le grand inquisiteur dans les frères Karamazov, un ouvrage apprécié par Maurice Zundel.

Le grand inquisiteur (représentant de l’église catholique, Dostoïevski est orthodoxe) rend Jésus responsable du mal et des difficultés de l’homme pour avoir laissé l’homme libre, pour ne pas avoir été en quelque sorte un dictateur spirituel, un manipulateur imposant sa volonté.

« Tu as accru la liberté humaine au lieu de la confisquer et tu as ainsi imposé pour toujours à la personne humaine les conséquences pénibles de la liberté. Tu voulais être librement aimé, volontairement suivi par les hommes charmés. Au lieu de la dure loi ancienne, l’homme devait désormais, d’un cœur libre, discerner le bien et le mal, n’ayant pour se guider que ton image, mais ne prévoyais-tu pas qu’il repousserait enfin et contesterait même ton image et ta vérité, étant accablé sous ce fardeau terrible : la liberté de choisir ? »

Il te fallait un libre amour, et non l’obéissance aveugle d’un esclave terrifié. Et voilà notre inquisiteur justifiant la manière de faire des détenteurs de l’autorité, travestissant son message en idéologie totalitaire.

Le Seigneur devant Pilate et le Grand Inquisiteur, ainsi que la difficulté de le suivre sur son chemin tous les jours témoignent que son Royaume n’est pas de ce monde. Tous deux se laissent tromper par leur manque de courage et d’espérance, le premier n’arrive pas à le reconnaître, le second fait pire encore. Il refuse sciemment le message et s’en fait juge, il l’obscurcit et empêche ceux qui le voudraient de suivre Jésus. Mais il ne peut l’arrêter, le Seigneur est ressuscité, il est vraiment ressuscité, monté au ciel, il revient.

Dieu a voulu limiter sa Toute-Puissance devant notre liberté. Il insiste, il charme comme le fait un jeune qui a jeté son dévolu sur sa future bien-aimée, mais le monde créé a bel et bien un commencement et une fin. « Moi, je suis l’Alpha et l’Oméga, dit le Seigneur Dieu, Celui qui est, qui était et qui vient, le Souverain de l’univers. » « Moi, une fois élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi. » C’est l’élévation sur la croix et l’Ascension. Dieu est Tout-Puissant, mais totalement impuissant devant notre liberté. Réjouissons-nous, il revient bientôt. « Oui, je viens sans tarder. » – Amen ! Viens, Seigneur Jésus !

Il revient avec Marie ? Nous pouvons la prier avec le Pape François.

Ô Mère, aide notre foi ! Ouvre notre écoute à la Parole, pour que nous reconnaissions la voix de Dieu et son appel.

Aide-nous à nous confier pleinement à Lui, à croire en son amour, surtout dans les moments de tribulations et de croix, quand notre foi est appelée à mûrir.

Sème dans notre foi la joie du Ressuscité.

Rappelle-nous que celui qui croit n’est jamais seul.

Enseigne-nous à regarder avec les yeux de Jésus, pour qu’il soit lumière sur notre chemin. Et que cette lumière de la foi grandisse toujours en nous jusqu’à ce qu’arrive ce jour sans couchant, qui est le Christ lui-même, ton Fils, notre Seigneur !

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