Lectures de la messe du jour
1ère lecture : « Que mon Seigneur ne se mette pas en colère si j’ose parler encore » (Gn 18, 20-32)
Psaume : Ps 137 (138), 1-2a, 2bc-3, 6-7ab, 7c-8
2ème lecture : « Dieu vous a donné la vie avec le Christ, il nous a pardonné toutes nos fautes » (Col 2, 12-14)
Evangile : « Demandez, on vous donnera » (Lc 11, 1-13)
Frères et Sœurs,
Long passage d’Evangile que celui d’aujourd’hui, le Seigneur
apprend à ses disciples qui le lui demandent, comment prier. Ils sont en effet
intrigués. Eux aussi voudraient parler avec le Père comme lui. On a
l’impression qu’ils voudraient lier un dialogue avec Lui, l’entendre leur
répondre comme Jésus l’entend. Comment y parvenir ? Que se disent-ils ?
Ils n’osent pas déranger…
Le Seigneur alors leur enseigne sa prière, celle du Notre
Père. Elle est originale, même si on peut distinguer quelques analogies avec
certaines prières juives. Mais parler à Dieu ainsi, nul le fait… La version
mentionnée par saint Luc est plus brève que celle de saint Matthieu qui nous
sert de modèle, elle a 5 demandes au lieu de 7. Cela veut dire que les
communautés interprétaient de manière assez libre ce qu’il leur avait transmis.
Mais nous ne faisons pas de l’étude de texte, vous avez suffisamment d’ouvrages
pour cela, y compris le catéchisme où le Notre Père est commenté dans sa
dernière partie.
Nous sommes intéressés d’abord par cette relation de Jésus
avec son Père. Lui qui est le Fils, est le seul à pouvoir parler avec lui de
manière familière et bien cette possibilité il nous l’offre aussi. N’est-ce pas
de cela que Jésus s’entretenait avec Lui ? Cette prière se fait ensemble…
Le Notre Père est une prière faite ensemble, avec l’Eglise, la communauté des
disciples, même si nous la disons seul dans notre cœur. Nous ne sommes pas
seuls. Donne-nous, pardonne-nous, pas donne-moi,
pardonne-moi…. Nous sommes entrés dans cette famille de Dieu par le
baptême.
Lorsque nous frappons maintenant par la prière à la porte de
Notre Père, avec nos besoins personnels, ceux de notre famille, de nos amis,
nous le faisons avec un appui, celui de l’Eglise, de la famille du Christ. Nous
le faisons avec Lui dans son Eglise: Par Lui, avec Lui et en Lui, nous
présentons notre prière au Père.
La réflexion du Seigneur qui suit l’enseignement de la
prière, nous invite à une prière persévérante,
insistante et confiance. Serait-ce que le Seigneur a parfois des
difficultés à nous entendre ? Lorsque les choses ne se déroulent pas comme
nous le voulons, il est vrai que la question se pose inévitablement à notre
esprit. Les premiers chrétiens au temps de saint Luc attendaient le retour du
Christ dans un délai relativement bref. N’y a-t-il pas là un reflet des
encouragements à la confiance que l’on se faisait en communauté en se rappelant
les paroles du Seigneur. Il veut notre bonheur, il est miséricorde.
Qu’elles sont ces bonnes choses que le Père veut donner à
ses enfants, puisqu’il paraît attendre tellement parfois. « Donne-nous
aujourd’hui notre pain de ce jour. » Qu’est-ce que ce pain ?
« Ma nourriture c’est de faire la volonté de mon Père. » Il prend
aussi soin de nous pour nous procurer ce qui est nécessaire à notre vie. Mais
son but est de reproduire en nous l’image de son Fils. Cela ne se produit pas seulement
dans une annonce sur les routes. Dans sa maison de Nazareth, Jésus a passé par
toutes les étapes de l’enfance, de la vie familiale, du voisinage, du travail…
et tout le reste. Il a dû écouter les sermons de son rabbin pendant au moins 20
ans, lui le Fils de Dieu. Il devait prier pour qu’il dise de belles choses, à
coup sûr. Je me permets cette remarque sur ce sujet parce qu’Ambroise de Milan
dans son commentaire cite saint Paul : Paul, dit-il, demande que la porte
du Christ lui soit ouverte : « Non content de ses prières, il supplie que
celles du peuple l’assistent, afin que la porte lui soit ouverte pour parler du
mystère du Christ (Col., IV, 3). ». Continuez donc de prier pour vos
prédicateurs.
L’enseignement est la Parole de Dieu, mais aussi la formulation
d’un vécu. N’est-ce pas là notre chemin ordinaire ? Mais au fait, qu’elle
était le but de la venue de Jésus ? N’était-ce pas l’annonce de la
miséricorde ? Nous l’avons reçue par notre baptême. Nous avons aussi reçu
la grâce de la vivre, c’est-à-dire de vivre comme Jésus que nous avons
rencontré et de l’annoncer. Nous avons bien souvent fait allusion des œuvres
miséricordes corporelles et spirituelles que nous avons souvent l’occasion
d’exercer.
Pourquoi ne pas mentionner aussi le pardon des offenses avec
le pape (Misericordiae
Vultus). C’est une des demandes fondamentales du Notre Père et une clef
importante : « Jésus affirme que la miséricorde n’est pas seulement
l’agir du Père, mais elle devient le critère pour comprendre qui sont ses
véritables enfants. En résumé, nous sommes invités à vivre de miséricorde
parce qu’il nous a d’abord été fait miséricorde. » Saint Paul nous a dit
tout à l’heure que le Dieu « nous a pardonné toutes nos fautes. Il a effacé le billet de la dette
(cheirographon = chirographe. Le mot est resté dans créance chirographaire,
celles qui sont sans privilèges) billet de la dette, donc, qui nous
accablait » en le clouant à la croix. « Le pardon des offenses
devient l’expression la plus manifeste de l’amour miséricordieux dit le pape,
et pour nous chrétiens, c’est un impératif auquel nous ne pouvons pas nous
soustraire. » Lorsque nous lisons ou entendons dans les médias en raison d’événements
d’actualité ou même en matière sportive ce terme courant : « J’ai la
haine ! » Pardonnez-moi, ce n’est pas chrétien. Le pardon et l’amour
du prochain, cela c’est chrétien, la haine, non ! et jamais !
Vous avez entendu qu’un grand nombre de jeunes se sont
rendus en Pologne cette année pour les Journées Mondiales de la Jeunesse. Il
faut se réjouir pour eux du temps de rencontre et de réflexions qu’ils vont
passer ensemble et avec le pape François. Si nul ne peut et ne pourra jamais
esquiver les camps de concentration qui restent en mémoire du génocide de
1939-1945, il est tout autant important pour eux d’entendre parler de la
miséricorde dans le pays de saint Jean Paul, un pays qui s’est relevé à
plusieurs reprises et où avec sainte Faustine, la miséricorde a été annoncée au
monde. Marie Mère de Miséricorde, prie pour nous. Notre-Dame de Czestochowa
priez pour nous. Amen.
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