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jeudi 11 juin 2020

Le réveil de la Fête-Dieu






Homélie en paroisse

Chers Frères et Sœurs,
Vous connaissez certainement une expression qui a été malheureusement d’actualité à ne certaine époque. « Long comme un jour sans pain. » Si nous avons été à l’abri du manque de pain physique, et de nourriture durant la période que nous venons de traverser, ça n’a pas été le cas de manière ordinaire dans le monde, puisque 25.000 personnes dont 10.000 enfants meurent de faim chaque jour, ce qui fait plus de 9 millions de personnes par an selon l’ONU.
L’Eucharistie est notre pain sacramentel, le dernier cadeau que Jésus nous a donné. Une question que nous pouvons nous poser : est-ce que j’ai été marqué par cette privation ? Intérieurement et de manière unanime, vous répondrez : Bien sûr ! Une communion spirituelle ne suffisait pas. Aurions-nous l’idée de dire aujourd’hui à nos amis, aux grands-parents que nous avons pu de nouveau rencontrer ces jours : « Tu sais, tu ne m’as pas manqué. » Ce serait le signe que nous avons perdu au minimum de bonnes manières ou peut-être qu’une autre maladie s’est déclenchée en nous. Une réaction de ce type, avec l’Eucharistie, serait spirituellement analogue, mais nous serions encore plus perdants. Dans certains pays, en période de persécutions autrefois, certaines communautés ont vécu sans eucharistie, mais qu’elle hâte de la recevoir à nouveau, lorsque cela a été possible.
L’Eucharistie est-elle donc si utile, si nécessaire, si importante même ? La question à nous poser d’abord est celle-ci : Pourquoi existe-t-elle ?
La réponse nous l’avons dans l’Évangile :
« Je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. »
Le Seigneur lie ce pain à la vie éternelle. Vous me concéderez que cette pensée doit éveiller en nous une idée de fête, la vie éternelle devant être la fête des fêtes. Dieu sera tout en tous, nous avons des descriptions joyeuses dans l’Apocalypse qui nous parle de myriades d’anges en fête. Le Seigneur nous a donné l’Eucharistie de manière anticipée, avant que ne se termine sa mission. Il nous a demandé de faire cela en mémoire de lui. C’est un argument qui a tout son poids. Mais il ne s’agit pas que d’un pieux souvenir qui nous rappellerait un disparu, comme de mettre des fleurs devant le portrait d’une personne aimée et décédée ou sortir un album photo, ou boire à sa santé. Ce ne serait pas une fête totale. Dans certaines régions on va même partager un repas sur le cimetière. Pour fêter quelqu’un nous avons vraiment besoin qu’il soit là et qu’il s’agisse d’un vivant.
Comme je vous l’ai dit au début de la célébration, si nous célébrons l’Eucharistie, c’est une fête, une vraie fête, nous fêtons un vivant et un vrai vivant.
La question qui nous intéresse le plus est celle d’une interprétation littérale sur la question de la vie éternelle ? Est-ce que ce serait donc automatique ? Notre côté pratique est bien là.
Si le Christ nous a donné un nouveau moyen avant de donner sa vie sur la croix, de ressusciter et de retourner vers son Père et qu’il l’a fait sous forme de nourriture et de pain, c’est que nous avons, besoin de nourriture pour avancer sur un chemin qui est bien réel.
Dans le désert, les Hébreux recevaient un pain particulier la manne un mot qui veut dire « qu’est-ce que c’est ? » pour les aider à avancer, on peut essayer de trouver toutes les explications que l’on veut. Nous avons aussi les multiplications des pains qui avaient frappé les Apôtres. Il y a beaucoup plus.
Dans l’Eucharistie, quelque chose d’autre est en jeu. Jésus se rend présent réellement pour nous donner la force intérieure d’avancer sur notre chemin, il met ses pas dans nos pas pour marcher sur nos chemins de terre et de pierre, parfois bien raboteux pour le rejoindre.
L’Eucharistie nous a été donnée par le Seigneur pour qu’il soit présent au milieu de nous, constitue et fasse grandir son Église. Il l’a faite pour être consommée, puis adorée aussi. Il a voulu nous rejoindre et nous être présent par ce moyen.
Il est réellement là.
Sur la réalité de sa présence, un des arguments avancés fréquemment est celui des miracles eucharistiques. Je vous laisse aller vous renseigner sur la toile, si vous le pouvez, la documentation est abondante. Cela donne bien entendu matière à réfléchir. Les prêtres n’y jouent pas souvent le meilleur rôle en raison de doutes. Quant aux effets et au ressenti de cette rencontre personnelle avec le Christ dans l’Eucharistie, nous savons que nous y recevons des forces, chacun a son histoire spirituelle propre.
Il est  bon de nous rappeler ce qu’a voulu faire le Seigneur lorsqu’il l’a célébrée et nous en a fait le don. Son sacrifice est rendu présent à ce moment-là. Le mot fait peur, qui le nierait, mais par son unique sacrifice Jésus aime totalement son Père. Cet acte d’amour a plus d’importance et de force que tout le mal qui sera commis par tous les hommes de tous les temps. C’est un acte parfait d’amour de Dieu et du prochain. Et c’est à ce don que nous participons, c’est ce don que nous recevons.
L’ancien pape Benoît XVI dit que « Jésus a donné une présence durable par l’institution de l’Eucharistie, il anticipe sa mort et sa résurrection en se donnant déjà lui-même, en cette heure-là, à ses disciples, dans le pain et dans le vin, son corps et son sang comme nouvelle manne (cf. Jn 6, 31-33). » Il ne s’agit pas d’abstraction et d’une présence uniquement symbolique, il est réellement là. Ce n’est pas seulement une sagesse, une image, mais Jésus-Dieu qui est vraiment devenu nourriture pour nous, comme amour. L’Eucharistie nous attire dans l’acte d’offrande dynamique de Jésus. Il nous transforme, c’est lui qui agit en nous. Il l’a faite, instituée au cours d’un repas, un temps de fête et un temps communautaire. Il construit son Église, et son Église se construit autour de lui, par lui, avec lui et en lui. Nous ne pouvons nous en passer, ni séparer le Christ de son Église et de chacun de nous.
Saint Jean-Paul II nous a rappelé qu’il existe une analogie profonde entre le fiat par lequel Marie répond aux paroles de l'Ange et l'amen que chaque fidèle prononce quand il reçoit le corps du Seigneur. Avec elle accueillons tout à l’heure celui qui vient demeurer en nous. Amen.


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