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dimanche 13 février 2022

Béatitudes

 


 13 février 2022 - 6ème dimanche du Temps Ordinaire — Année C


 Première lecture « Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel. Béni soit l’homme... Jr 17, 5-8
Psaume Heureux est l’homme
qui met sa foi dans le Seigneur. Ps 1, 1-2, 3, 4.6
Deuxième lecture « Si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est sans valeur » 1 Co 15, 12.16-20
Évangile « Heureux les pauvres ! Quel malheur pour vous les riches ! » Lc 6, 17.20-26

Chers frères et sœurs,

 Nous sommes avons entendu dans cette lecture les 4 béatitudes de saint Luc, Matthieu en a 8, mais s’y ajoutent en regard chez Luc les 4 malédictions opposées. On ajoute encore 2 béatitudes chez Matthieu et 1 chez Luc, en prenant en compte celles mentionnées un peu plus bas, qui débute avec le même mot qu’avait adressé l’ange à Marie : Réjouissez-vous. Ne retrouve-t-on pas d’ailleurs les tonalités des Béatitudes dans le Magnificat. Les exégètes estiment que les béatitudes originales étaient au nombre de 3. Luc en a ajouté une pour prendre en compte les persécutions contre les communautés.

Le lieu où Jésus les prononce diffère également. Pour saint Luc, il le fait dans la plaine, pour Matthieu sur la Montagne. Le premier s’adresse surtout aux nouveaux disciples issus des nations, il s’agit de petites gens appartenant à des milieux défavorisés, il va en quelque sorte limiter leur sens à cette condition. Matthieu est plus spirituel.

J’ignore quel est votre sentiment en les entendant Peut-être qu’à force de répétions  au long des années, dans la liturgie, lors de mariages, il est vrai qu’il y en a moins, ou de funérailles, peut-être résonnent-elles comme la pluie sur les vitres de notre scepticisme acquis. Il est possible que nous ayons un réflexe de protection inconscient et acquis.

L’abbé Maurice Zundel rapporte dans une de ses homélies, combien il avait été ému et touché à une occasion, l’eau alors avait pénétré dans une bonne terre : « Je les entendis, dit-il, par la voix amicale d’un camarade qui mettait tout son cœur dans cette lecture, parce que les Béatitudes avaient été pour lui une découverte sensationnelle. Quand je l’entendis lire pour la première fois avec un tel accent, cela avait été pour moi une révélation incroyable, c’était le renversement de tout ce qu’on disait, c’était le contraire de tout ce que l’on pouvait attendre. »

Il poursuit : « Vivre cette vie (des béatitudes), c’est évidemment miser sur un espoir. »

J’espère ne pas trahir sa pensée en disant que c’est alors découvrir Dieu en soi et la grandeur de Dieu en soi-même à laquelle il nous appelle :

La grandeur de Dieu, c’est qu’il est tout amour.

La grandeur de Dieu, c’est qu’il n’a rien.

La grandeur de Dieu, c’est qu’il donne tout.

La grandeur de Dieu, c’est qu’il se vide éternellement de lui-même.

La grandeur de Dieu, c’est qu’il est vide de soi.

Nous sommes au coeur de la vie trinitaire.

Une des questions à nous poser est certainement celle du moyen à trouver pour  briser la vitre très blindée de notre serre intérieure… Non pas pour laisser passer un monstre comme dans le film de dinosaures d’avant-hier soir, mais pour que l’eau de la parole et de l’Esprit puissent venir faire germer le bon grain semé en notre terre et pour que se réveille Dieu en nous. Dieu comble son bien-aimé quand il dort, mais il veut ensuite sortir pour annoncer la Bonne Nouvelle.

En nous est présent un désir naturel de bonheur. Ce désir est d’origine divine. Le Seigneur l’a mis dans notre cœur afin de l’attirer à lui qui peut seul le combler. Mais nous avons à transmettre Celui qui nous habite. Proclamer la Bonne Nouvelle, les béatitudes, c’est aussi notre mission, à la suite de Jésus. Dieu est présent en chacun de ceux que nous croisons, même si nous le trouvons parfois bien caché à notre goût. Ne se montre-t-il pas lui-même très patient envers nous ? Il nous connaît, respecte notre rythme de croissance  et n’essaye pas de faire pousser le grain qui germe en tirant sur le bourgeon. Comment donner le goût de Dieu, sinon par notre foi, en nous appuyant sur celui qui habite en nous, et par la charité, pour assister celui qui a besoin d’être aimé, aidé et secouru. Nous le faisons parce que nous sommes par l’Esprit rempli d’espérance. Il vient nous transformer pour faire de nous des fils dans le Fils unique. Nous ne pouvons trouver et prendre d’autres chemins que celui du Fils premier-né qui a passé par la croix pour entrer dans la résurrection.

Si la résurrection de Jésus est déjà présente en nous par notre baptême, elle doit encore être accomplie. Saint Paul fait comprendre avec force à ses Corinthiens que se mettre à la suite du Christ, ce n’est pas simplement se mettre à l’école d’un maître de Sagesse, ou entrer dans une de ces écoles philosophiques célèbres en Grèce. « Si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes. » « Si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est sans valeur. » « Le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis. »

La béatitude, en vrai, dans sa totalité ce sera dans le Royaume, la vision de Dieu, la participation à la nature divine, la vie éternelle, la filiation, le repos en Dieu. Les béatitudes sont aussi une échelle du bonheur qui nous conduit à la béatitude et au final à la résurrection bienheureuse.

Permettez-moi de citer enfin une béatitude, mais tirée de saint Matthieu. Les bruits de botte ne sont pas rassurants pour la sérénité des jours qui viennent. « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. »

Cela se passant dans une région qui a déjà beaucoup souffert notamment de la famine, un pays slave, nous pouvons conclure avec un passage d’une prière de Jean-Paul II à Notre-Dame : Reine de la paix, prie pour nous! Mère de Miséricorde et d'espérance, obtiens pour les hommes et les femmes du troisième millénaire le don précieux de la paix: la paix dans les coeurs et dans les familles, dans les communautés et entre les peuples; la paix en particulier pour ces nations où l'on continue chaque jour à se battre et à mourir. Reine de la paix, prie pour nous! Amen.

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