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dimanche 18 juin 2023

« Vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte »

 


18 juin 2023 11ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A

Lectures de la messe

Première lecture « Vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte » Ex 19, 2-6a 
Psaume Il nous a faits, et nous sommes à lui,     nous, son peuple, son troupeau. Ps 99 (100), 1-2, 3,... 
Deuxième lecture « Si nous avons été réconciliés par la mort du Fils, à plus forte rai... Rm 5, 6-11    Évangile « Jésus appela ses douze disciples et les envoya en mission » Mt 9, 36 – 10, 8

Introduction

Chers frères et sœurs, bienvenue à tous et à toutes et merci à nos sœurs carmélites qui nous accueillent ce matin.
Nous célébrons en ce 18 juin le 11ème dimanche du temps ordinaire. La moisson est abondante et les ouvriers sont peu nombreux nous dit Jésus dans l’Évangile. Comment répondre à son appel ? par un engagement direct dans nos communautés et nos familles, mais aussi par notre cœur, en le laissant nous rejoindre. « Vous, vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte. »
Le calendrier liturgique de la Suisse Romande mentionne que c’est aujourd’hui la journée du réfugié. Nous prenons dans notre prière, ceux qui ont du tout quitter en raison de la guerre et aussi poussés par l’espoir d’une vie meilleure. Quelle Bonne Nouvelle avons-nous à proposer ?
Nous allons également prier pour la personne décédée hier soir dans le tunnel de l'A-16 entre Saint-Ursanne et Courgenay, ainsi que pour les familles. Nous ne sommes jamais à l'abri d'impondérables, de distractions ou d'incidents techniques. Mais à la veille des vacances, que cela soit au moins une triste invitation à modérer notre manière de conduire et à la prudence.

Homélie

Chers Frères et Sœurs,

Nous voilà quasiment à la veille de vacances, un temps de pause liturgique, de retour au temps vraiment ordinaire. Le Sacré-cœur de Jésus est passé ainsi que le cœur immaculé de Marie hier. C’est une période d’apaisement même s’il fat clore des dossiers. Les étudiants regardent désespérément le ciel bleu et pensent à leurs sorties, alors qu’il faut se concentrer. Le calme apparaît tout de même dans les courses d’écoles et les virées collectives des anciens. Bientôt vraiment du calme, et du temps pour partir à l’étranger pour le soleil et de tranquillité, avec cette particularité que tout le monde va presque partir s’agglomérer sur divers bords de mer et un peu  à la montagne, à la même date. Parmi les questions fleuves fondamentales, est-ce que j’ai bien la dernière version du GPS, une connexion wifi qui fonctionne, etc…

Dans l’Évangile, le Seigneur choisit des Apôtres pour les envoyer vers les brebis perdues de la maison d’Israël, pour leur apporter la Bonne Nouvelle, avec peu de choses à disposition. Il est ému en voyant ceux qui viennent à lui, comme des brebis sans bergers.

Dans la première lecture, nous participons à la migration des fils d’Israël dans le désert. Ils y établissent un camp, mais ils n’étaient certes pas en vacances. Lors de cette rencontre, le Seigneur va leur rappeler par la bouche de Moïse les grands moments de l’action de Dieu qui les a libérés des Égyptiens et de leur condition d’esclavage. Ce n’étaient pas de très beaux reportages comme on en voit aujourd’hui sur de très grands écrans et au frais. Le Seigneur fait d’eux son domaine particulier parmi tous les peuples : « vous, vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte. » Il leur donne une charte de promesses et de devoirs.

Peut-on être saints pour soi tout seul et un royaume de prêtres à l’exclusion de tous les autres. Le but d’un sacerdoce quel qu’il soit  est d’assuré une médiation. Le but est de permettre une rencontre, pour faire de tous les hommes un peuple qui loue le Seigneur. Le Seigneur se révèle à Moïse, pour qu’il donne clairement à ce peuple issu d’Abraham, la méthode pour remplir sa mission.

Jésus paraît donc constater une forme d’échec dans la mission transmise par Moïse et par le mode d’annonce de ceux qui en étaient chargés, prêtres de Jérusalem, scribes et pharisiens. Son sentiment est celui d’une profonde compassion devant ces brebis sans bergers. Il en envoie de nouveaux, ses apôtres pour une mission intérieure. Elle va aussi aboutir à un échec, devant ce mur d’opposition d’autorités religieuses. Dieu respecte de manière étonnante ses représentants jusqu’aux schismes, mais en les maintenant dans leur acquis. L’élection des Apôtres demeure pour porter aux nations, la Bonne Nouvelle de l’Évangile après la Pentecôte.

Le drame que vivent certains réfugiés ces dernières années et celui de la semaine passée nous incitent à nous rappeler globalement, que le Message de Jésus a été transmis par des disciples qui se sont exilés ou l’ont été. De chez soi, on ne part pas joyeusement, les rencontres ne sont pas nécessairement bonnes et les risques sont grands.

Le défunt pape Benoît commentait notre évangile en relevant l'amour du Christ pour son peuple, en particulier pour les petits et les pauvres. La compassion chrétienne n'a rien à voir avec le piétisme, avec l'assistentialisme. Elle est plutôt un synonyme de solidarité et de partage, et elle est animée par l'espérance. Quelle est notre espérance, comment se traduit-elle ?

Quel est le message qui doit être transmis ? Il est simple, Saint Paul nous l’a rappelé tout à l’heure, « Dieu nous Aime ». Nous avons malheureusement un réflexe d’appropriation, nous créons nos propres enclos où nous transformons celui qui nous aime en idole. Or, il nous aime à un tel point qu’il a donné sa vie pour nous :     « alors que nous n’étions encore capables de rien, le Christ, au temps fixé par Dieu, est mort pour les impies que nous étions. » Il nous a réconcilié avec son Père et nous serons sauvés en ayant part à sa vie. Il nous donne la faculté de participer à la vie même de Dieu. « Vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte »… Qu’est-ce que cela veut dire, sinon que nous sommes appelés à transmettre l’amour de Dieu autour de nous et dire que notre vie a un sens. Dieu peut dilater notre cœur aux dimensions du sien. Personne ne doute que cela soit difficile, il suffit de regarder la croix de Jésus. Nous ne sommes pas des monuments historiques… Ceux que nous voyons dans les villes finissent par se désagréger, y compris les églises. Aimer c’est un investissement en Dieu, il serait bien de nous le rappeler. Avec le temps, nous percevons de mieux en mieux que notre calendrier de vie a de moins en moins de feuillet, il est encore temps de fixer ses priorités.

Nous pouvons porter le monde à Dieu dans notre cœur, si nous n’avons plus que lui après avoir tout donné. N’est-ce pas cela être un peuple sacerdotal et saint, un peuple missionnaire. Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus voulait être le cœur de l’Église, son intuition est célèbre. Comme il faut des Apôtres et des priants, mes sœurs me permettront une anecdote. Cette semaine, j’ai vu par hasard qu’aujourd’hui était l’anniversaire d’un appel fameux au début de la 2ème guerre mondiale, celui du 18 juin depuis Londres. L’illustre général en exil avait eu alors pour secrétaire là-bas, une certaine Élisabeth de Miribel qui le tapa à la machine à écrire. La pauvre avait de la peine à le faire à cette époque sans ordinateurs et dictées automatiques. Après un temps au Carmel, elle écrira plus tard une vie de sainte Édith Stein. Le hasard m’a permis de parvenir  à en trouver une citation. Une de ses élèves raconte : « Elle ne nous parlait guère de religion. Pourtant nous sentions qu’elle vivait sa foi. En la voyant prier à la chapelle, il nous semblait toucher au mystère de Dieu présent dans une âme. […] Nous devinions en elle quelque chose de très rare : la totale harmonie entre l’enseignement et la vie personnelle… » Le soutien de la prière est indispensable au ministère, mais aussi une vie de communion avec le Seigneur. Ne pas vouloir passer pour saint avant de l’être dit saint Benoît.

Mettons notre fierté en Dieu par notre Seigneur Jésus Christ.

Il est bon aujourd’hui de prier Marie pour que s’éteignent les causes de tant de souffrances qui provoquent l’exil en Ukraine et en Afrique :

Reçois , ô Mère, notre supplique.
Toi, étoile de la mer, ne nous laisse pas sombrer dans la tempête de la guerre.
Toi, arche de la nouvelle alliance, inspire des projets et des voies de réconciliation. Toi, “terre du Ciel”, ramène la concorde de Dieu dans le monde.
Éteins la haine, apaise la vengeance, enseigne-nous le pardon. Amen.


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